La conjugaison passé futur
Que reste-t-il du patrimoine de Troie, la ville de l’Iliade ? Et de la belle demeure où devait vivre Vercingétorix avant l’invasion de la Gaule par César ? Que reste-t-il du savoir des druides et des prêtres d’Éleusis ? Dans trente siècles, en revanche, nos lointains descendants pourront se promener en réalité augmentée sur nos fichiers informatiques actuels. Ils vivront la guerre en Ukraine ou en Irak comme un voyage à travers le temps. Tout sera exact. Tout sera conservé. Notre patrimoine à nous ne disparaîtra pas, même s’il est détruit, il resurgira virtuellement quelque part dans le monde et le temps. Notre patrimoine est devenu éternel. Lors de la Renaissance, la réhabilitation des cultures grecques et latines se déroula dans une atmosphère de conflits fratricides. Ce fut le début de l’humanisme. Un long travail dans la nuit qui avait débuté bien avant.
On peut admirer les Dominicains de Colmar qui achetaient des livres en plein Moyen-âge pour que les générations futures puissent y trouver matière à réflexions et inventions. Ils préparaient le patrimoine du 21 e siècle.
Ce numéro de La Revue de l’Histoire parle beaucoup de Patrimoine. Il vous présente toute une France splendide recélant des trésors artistiques et intellectuels. Ce sont eux qui nous mènent à l’avenir de notre Histoire. Le 21 e siècle sera culturel, même s’il plonge dans la violence des crises internationales comme il semble le faire. Face à de grands bouleversements, on raisonne mieux, on se détache d’un prosaïsme facile lié à une vie de confort, on affine son esprit et sa volonté pour survivre dans l’essentiel et retrouver à terme un équilibre des pouvoirs et des enjeux. Il faut que tout change pour que rien ne change. Il n’y a peut-être pas de sens à l’Histoire, elle est peut-être une suite de cycles sans fin.