Charles de Gonzague par Jean-Baptiste Preyat, 1846. © Ville de Charleville-Mézières

L’esprit de la grotte

La Catalogne est-elle une nation, un peuple ou une région ? L’Europe est-elle une addition de patries constitutionnelles ou bien un souffle spirituel venu de la nuit des temps après la résolution de la question néandertalienne par nos ancêtres Cro-Magnon ? Il y eut un signe avant-coureur de la Seconde Guerre Mondiale. En septembre Lors de l’expédition d’Annunzio afin de rendre la ville de Fiume indépendante. À l’encontre du traité de paix qui favorisait l’implantation anglaise dans le petit territoire, en sous-main de son annexion par le nouveau royaume de Yougoslavie. L’échec d’Annunzio préfigurait l’alliance de Mussolini avec Hitler, l’annexion des Sudètes, de l’Autriche, et la guerre en Pologne pour le territoire de Dantzig. Que se passe-t-il donc dans cette Catalogne qui vient d’avoir l’intelligence de ne pas tomber dans une guerre d’indépendance mais où des centaines de milliers d’honnêtes habitants prennent l’habitude de défiler pour une cause nationale contre l’autre ? Que reste-t-il de nos jours des États-Nations européens à l’heure d’internet et de la mondialisation ? Et de nos identités nationales face à la tentation mondialiste ?
Alors que nos grandes entreprises stratégiques établissent des prises de participations croisées avec d’autres entreprises européennes de même niveau…Notre culture européenne a déjà répondu à ces questions. Elle est la même, de Séville à Oslo, ses variantes sont des richesses supplémentaires, en aucun cas des lignes de séparation.
Notre sentiment artistique a commencé avec le premier artiste qui racontait une chasse à l’auroch dans la pénombre d’une grotte, choisie pour sa tranquillité absolue, parce qu’il fallait peindre l’histoire de la tribu et de ses expéditions servant à stocker des protéines. C’est le même sentiment artistique de nos jours qui anime nos peintres et sculpteurs.Toute l’énergie du monde occidental passe par cette réflexion de l’artiste. Il sait toujours peindre le regard de la bête traquée et du mouvement fugitif, il sait raconter la chaleur de la lumière et tous ses amis de la tribu viennent contempler sa résolution du monde inscrite sur un mur ou une toile… Les musées accueillent ses œuvres, avec la même démarche qui cherche l’absolu. Beauté, contemplation et recul. Ce qui raconte le bruit et la fureur shakespearienne doit être spiritualisé dans l’esprit de la grotte. Sinon, c’est la destruction de la mémoire. Tandis que le musée protège et garde. Pour les fêtes de Noël, nous vous présentons l’actualité des musées. Archéologie,histoire, beaux-arts. Dans tous les domaines ils inaugurent de nouvelles scénographies, ils investissent d’anciens lieux de vie, ils valorisent leurs collections et nous apprennent notre vie passée. Le sentiment européen est défini par leurs expositions, avec nos tableaux, nos livres et nos mémoires. Et que l’on habite Barcelone, Madrid ou Dublin, Paris ou Verdun, nous sommes ces Européens du 21 e siècle.
Matthieu Delaygue