Légendes des siècles

Nous allons vous raconter l’histoire de pays, de châteaux et d’écrivains, d’artistes et d’artisans, qui avançaient dans la nuit du monde, pour leur salut.

Princes, barons ou roturiers, ils cherchaient la même chose : intégrer un modèle de civilisation et le rendre plus fort. Ils se posaient beaucoup de questions, car nos générations actuelles n’ont pas le privilège du doute et de l’hésitation… Je me retrouvais seul, comme un homme face à un Océan qu’il aurait eu la prétention de franchir à la nage, écrivit le général de Gaulle.

Pour notre culture et notre civilisation, il faut : Trouver des réponses. Définir de nouveaux états de consciences. Donner de l’espoir et un but. Et faire que ces réponses, modèles, espoirs et buts soient simples et clairs, pour que l’on puisse les comprendre, les coopter en corrélation avec le triomphe du tecnos.

Le discours en Histoire peut offrir des solutions, aider à modeler une pensée un très long voyage vers les siècles futurs. Mais il faudra le reforger avec un nouveau logos fondé sur nos nouvelles sciences. Cela concernera également la philosophie, la théologie, l’art, le psychisme et l’architecture…
Que faisaient donc les constructeurs de châteaux si ce n’est chercher l’ultime protection, l’ultime base avant de repartir par d’autres offensives vers l’inconnu du monde ?

Et que faisaient donc les moines, les philosophes, les prêtres si ce n’est trouver un logos stable au milieu d’un monde devenu désordonné ?

Et que faisaient les princes à commander les plus beaux bijoux, tableaux, livres mobiliers, si ce n’est de s’affirmer libres, face à ce monde complexe où questions et réponses s’entremêlaient dans la plus grande confusion ?

Renaître, comme  dans la Renaissance, c’est donc redistribuer le monde. Si notre civilisation a pu s’imposer à la planète entière, c’est parce qu’elle a toujours voulu se reformuler. Et pour cela, elle a commencé par construire et reconstruire ses splendides lieux de vie. C’était une façon de dialoguer avec l’éternité, en montrant sa propre solidité.

Respirer une odeur du passé, revoir le bureau d’un écrivain ou la salle à manger d’un grand homme, c’est garder le meilleur de ce qui a pu se passer autrefois, afin de l’intégrer aux rêves du futur. Ce chant des pierres et des châteaux correspond à la puissance de l’esprit à la recherche du temps futur. Tout est question de perspectives pour comprendre les liens entre l’Histoire et l’Avenir, entre les vivants et les morts.

Matthieu Delaygue