Le sens de L’Histoire à l’épreuve de la physique quantique
Pour expliquer ses grands sujets et personnages,l’Histoire a pris l’habitude de mettre en avant des arguments rationnels que l’on pourrait qualifier d’euclidiens. Mais le progrès technique vertigineux du monde moderne va nous obliger à partir vers d’autres rivages. L’Histoire va devoir tenir compte, de plus en plus, de la théorie d’Heisenberg et de son principe d’incertitude : à l’échelle corpusculaire, plus on connaît la position d’une particule, moins on connaît sa vitesse et plus on connaît sa vitesse, moins on connaît sa position. Notre époque moderne met à la disposition de chacun les outils lui permettant d’agir de manière isolée. Or, le Président de la République nous l’a lui-même annoncé : Nous sommes en guerre. Cela revient à dire que le moindre ennemi n’est plus contrôlable et prévisible. Il n’obéit plus à des grandes règles de groupe, mais à la théorie quantique des particules.C’est cela qui a le plus changé par rapport aux conflits du XXe siècle : Plus on cherche à cerner la nature du terrorisme, moins on est capable de comprendre sa vitesse de réaction. Nous sommes obligés de mener une guerre avec des approximations d’autant plus grandes que le rôle des particules, des individus, est devenu majeur et autonome. Certes, toute guerre depuis l’aube de l’humanité a connu ses incertitudes. Mais désormais, les histoires des particules sont supérieures à toute méthode essayant de les gérer selon les règles classiques. Prenons un exemple : Lorsque les Allemands envahissent la Russie en 1941, ils perdent leur chance de gagner la Seconde Guerre Mondiale car ils se battent sur deux fronts et n’ont pas les quantités de matières premières suffisantes pour cela. Avec les mêmes rapports de force,il en serait autrement aujourd’hui. Une section de chimistes S.S. agissant à sa seule initiative aurait suffi pour faire gagner aux Allemands une guerre bactériologique en quelques jours. Autre exemple se référant à notre actualité tragique :aucun islamiste n’aurait pu, il y a quelques siècles,à cheval sur La Promenade des Anglais, tuer à lui seul des dizaines de personnes. Le tecnos représenté ici par le camion de l’assassin est devenu supérieur au logos de la logique euclidienne du rapport de force. C’est un tournant dans l’histoire de la guerre, et cela nous annonce un changement brutal de nos techniques de sécurité moderne. Il suffit d’un fou pour faire sauter une bombe nucléaire artisanale et causer des millions de morts, et ce n’est pas la géolocalisation des centres islamistes qui servira à le contrer. Toutes choses égales par ailleurs, il faut continuer à visiter nos châteaux et nos maisons d’écrivain.Il faut aller dans les musées et voir les objets du passé. Il faut s’imprégner de toute notre culture historique. Ce sera une des façons de préserver notre civilisation, et nous aidera à ne pas perdreau moins une des batailles à mener : Car le but de nos ennemis est de nous détruire totalement avec tout ce qui nous définit. Leur guerre n’est pas logique. Il ne s’agit pas d’un conflit entre nations raisonnables. Tout repose sur des accomplissements barbares qui viennent de la nuit des temps obscurs.
Matthieu Delaygue