Le Centre des Nouvelles Industries et Technologies – LA DEFENCE, Puteaux
DREAMING SPIRES. EN ANGLAIS, DREAMING SPIRES SIGNIFIE : LES FLÈCHES DU RÊVE. MAIS CELA SOUS-ENTEND AUSSI LES TOURS DE L’ÉLITE, DES SAVANTS, DE L’ABSTRAIT… AVEC SES 160 HECTARES, SES QUELQUES 200 000 SALARIÉS DONT PLUS DE LA MOITIÉ SONT DES CADRES, LA DÉFENSE REPRÉSENTE UN CINQUIÈME DU P.I.B. DE SA RÉGION, ET UN DIXIÈME DE CELUI DE LA FRANCE. ELLE ABRITE L’AUTORITÉ BANCAIRE EUROPÉENNE, 60 SCULPTURES D’ART CONTEMPORAIN ET 110 000 M² D’ESPACE VERTS.
Les beaux quartiers
Toutes les capitales du monde reposent sur une colonne vertébrale. Bien plus qu’un centre, c’est une voie qui traverse la ville et lui donne toute son aération. Elle est comme une répartition sociologique de ses habitants. C’était une notion très importante aux temps de la peste et autres grandes épidémies, lorsque l’hygiène des rues n’était pas contrôlable. Les vents arrivent d’abord dans les quartiers riches et influents, ils traversent la ville et passent dans les quartiers plus modestes. Mais l’habitude en est restée. Le prix de l’immobilier a fait le reste. Telle fut l’histoire de Paris. Les arrondissements les plus chers sont ceux de l’Ouest qui reçoivent toujours en premier l’air de la mer et de la campagne normande. Il est à noter que tant que les rois de France séjournèrent principalement à Vincennes, ils étaient au milieu de leur peuple, la cohésion était parfaite avec ce que l’on appelle aujourd’hui les classes moyennes et populaires. Lorsque le Louvre devint la résidence centrale de nos rois, le quartier douteux de la Cour des Miracles, les Halles et celui des écoliers commencèrent leur lente rébellion qui allait mener à la révolte d’Etienne Marcel, au soutien du parti des Bourguignons lors de la Guerre de Cent ans par la puissante corporation des bouchers, ensuite à la révolte de la Ligue lors de la Guerre des Religions, à la Fronde, sous Anne d’Autriche, et pour terminer aux différentes révolutions. Mais la grande erreur de Louis XIV fut d’avoir méconnu les conseils de Machiavel, qui recommande au Prince de ne jamais quitter sa capitale sous peine de voir une Révolution prendre sa grande ville toute entière sous sa coupe et de provoquer ainsi la déchéance du monarque. Louis XIV installa sa cour à Versailles, bien trop loin de son peuple parisien, et bien trop à l’Ouest de la grande ville qu’il ne contrôla plus…
Paris vaincu… Mais Paris libéré
Fin 1944, la France était exsangue. Les deux dernières guerres l’avaient ruinée et en partie détruite. Les bombardements n’avaient pas épargné Paris et sa proche banlieue. La reconstruction s’annonçait difficile. Elle allait prendre des années. Vingt ans plus tard, 400 000 Parisiens vivaient toujours en hôtel meublé. 60 000 familles de 3 personnes et 37 000 de 4 à 9 personnes vivaient dans une seule pièce. Le bruit dans la ville était supérieur à 80 décibels, ce qui était déjà considéré comme dangereux pour la santé. Il y avait 1 m² d’espace vert par personne, contre 9 à Rome, 13 à Berlin et 25 à Vienne. l’enlisement en Algérie. Les forces vives de la nation voulaient remodeler et reconstruire notre pays. Matériellement et mentalement. Les écoles d’ingénieur, de finances et d’architecture avaient continué à fonctionner durant la guerre, la haute fonction publique avait poursuivi ses missions, elle avait sauvé les meubles et permis à notre pays de repartir avec un regain d’énergie. Elle allait savoir faire confiance à ses chefs d’entreprise, ses architectes et leurs projets.
Paris sur le futur
Dès ses premières conceptions, le projet de la Défense allait viser très haut et très fort. Il y avait la place. On savait que l’on pouvait s’étendre encore plus dans le futur. On pouvait donc construire un des plus grands centres d’affaires du monde. Culturellement, on ne voulait pas le construire à l’Est. Et il était impossible de s’étendre dans le Centre Ville. Même si le quartier des Hallesa lait déménager sous la Ve République à Rungis.
Il aurait été possible de bâtir là un magnifique Centre d’Affaires. Mais il en fut décidé autrement pour des raisons d’accès et de circulation. De toute façon, les décisions avaient déjà été prises depuis bien longtemps, depuis la fin de la IIIe République, il était question d’installer un quartier neuf, de bureaux, avec des tours après l’Arc de Triomphe. On resta sur cette lancée. Sur l’avenir à l’Ouest, sur le futur dans l’axe de l’Arc de Triomphe.
C’était toute une symbolique qui s’exprimait : Aux succès napoléoniens inscrits place de l’Étoile, il fallait signifier que l’Empire français, puis la France et ses DOM-TOM étaient passés au statut de République pacifique et universelle, apportant la prospérité par ses riches et grandes entreprises. Il ne s’agissait pas de mettre en valeur le pouvoir politique. Mais de magnifier la puissance financière. Et rien de mieux que la partie Ouest de Paris-Neuilly pour représenter cette majesté. Le projet prit forme une fois le territoire libéré.
Paris sur le futur
Dès ses premières conceptions, le projet de la Défense allait viser très haut et très fort. Il y avait la place. On savait que l’on pouvait s’étendre encore plus dans le futur. On pouvait donc construire un des plus grands centres d’affaires du monde. Culturellement, on ne voulait pas le construire à l’Est. Et il était impossible de s’étendre dans le Centre Ville. Même si le quartier des Halles allait déménager sous la Ve République à Rungis. Il aurait été possible de bâtir là un magnifique Centre d’Affaires. Mais il en fut décidé autrement pour des raisons d’accès et de circulation. De toute façon, les décisions avaient déjà été prises depuis bien longtemps, depuis la fin de la IIIe République, il était question d’installer un quartier neuf, de bureaux, avec des tours après l’Arc de Triomphe. On resta sur cette lancée. Sur l’avenir à l’Ouest, sur le futur dans l’axe de l’Arc de Triomphe. C’était toute une symbolique qui s’exprimait : Aux succès napoléoniens inscrits place de l’Étoile, il fallait signifier que l’Empire français, puis la France et ses DOM-TOM étaient passés au statut de République pacifique et universelle, apportant la prospérité par ses riches et grandes entreprises. Il ne s’agissait pas de mettre en valeur le pouvoir politique. Mais de magnifier la puissance financière. Et rien de mieux que la partie Ouest de Paris-Neuilly pour représenter cette majesté. Le projet prit forme une fois le territoire libéré. Des hommes remarquables allaient le mener à bien. Ce fut une belle et longue réussite parsemée d’embûches, de crises de toute sorte, de résistances… Mais dès le départ, on sut voir grand et moderne. Comment construire ce centre, à l’Américaine, de la capitale de la deuxième moitié du 20e siècle et du 21e siècle auquel on pensait déjà dans les années 1950 ?
Viser haut
La solution était limpide. Jusqu’à présent, on faisait des villes à l’horizontale, cette fois-ci, on s’inspirerait de ce que nos alliés et amis américains, les véritables vainqueurs uniques de la Seconde Guerre Mondiale, avaient imaginé malgré leurs territoires immenses : une ville en hauteur. On allait les suivre vers cette montée vers le ciel, vers le futur, comme si l’intelligence devait s’abstraire de la terre et s’exprimer au mieux dans des tours de plus en plus grandes. Il est facile maintenant d’émettre des réserves sur cette démarche. Mais il faut se resituer à cette époque de l’Après-guerre, après ces millions de morts, ces années d’Occupation, de restriction…Les Français avaient envie d’aller de l’avant. C’était un des slogans de la Résistance pour une fois la paix revenue. Un nouveau monde plus dynamique, plus juste, moins conservateur. Les modèles passés avaient expiré. On ne pouvait plus se fier au nationalisme identitaire de notre culture, puisqu’il s’agissait d’un modèle qui avait échoué avec la Collaboration et sa terrible phrase Seule la terre ne ment pas. On devait modeler une nouvelle pensée architecturale fondée sur la ville du futur, sur le rationnel, l’efficacité, la majesté sobre de la reconstruction qui s’abstrait de la terre source de malheur. La pensée verticale était un signe d’espoir envers l’avenir, de volonté de ne plus connaître de périodes sombres, toutes les capitales européennes allaient avoir le même réflexe : construire moderne, privilégier des lignes simples du droit, du cercle, de l’ovale, qui pouvaient être vues de loin et donnaient l’impression de maîtriser les contingences de toute sorte. Il s’agissait là d’une volonté pour un nouveau souffle civilisateur. C’était la mort annoncée de la petite ruelle, de l’immeuble aux petites pièces intimistes et sombres. On allait vivre sur des plateaux, avec de grandes vues par des baies vitrées et sobres, qui pouvaient mener très loin sur les chemins de l’espérance le regard, la pensée, et la générosité face à la vie. Telle fut la Genèse du Quartier de la Défense : une aventure humaniste, qui perturba les esprits habitués à la routine. Beaucoup ne voulaient pas que l’on change la moindre perspective de Paris, alors que tout était à remodeler pour faire face aux changements qui s’annonçaient avec le monde moderne. Il s’agissait là d’une nécessité vitale et culturelle, d’une nouvelle vision géostratégique, où l’humain était pris en compte, mais dans un objectif de paix et d’harmonie mondiale. C’est en se souvenant des traumatismes vécus, des espérances en une paix moderne que Paris et sa proche banlieue allaient devenir une agglomération capable de refléter sa pleine compréhension des techniques et savoirs du futur. Il est facile maintenant d’émettre des réserves sur cette démarche. Mais il faut se resituer à cette époque de l’Après-guerre, après ces millions de morts, ces années d’Occupation, de restriction… Les Français avaient envie d’aller de l’avant. C’était un des slogans de la Résistance pour une fois la paix revenue. Un nouveau monde plus dynamique, plus juste, moins conservateur. Les modèles passés avaient expiré. On ne pouvait plus se fier au nationalisme identitaire de notre culture, puisqu’il s’agissait d’un modèle qui avait échoué avec la Collaboration et sa terrible phrase Seule la terre ne ment pas. On devait modeler une nouvelle pensée architecturale fondée sur la ville du futur, sur le rationnel, l’efficacité, la majesté sobre de la reconstruction qui s’abstrait de la terre source de malheur. La pensée verticale était un signe d’espoir envers l’avenir, de volonté de ne plus connaître de périodes sombres, toutes les capitales européennes allaient avoir le même réflexe : construire moderne, privilégier des lignes simples du droit, du cercle, de l’ovale, qui pouvaient être vues de loin et donnaient l’impression de maîtriser les contingences de toute sorte. Il s’agissait là d’une volonté pour un nouveau souffle civilisateur. C’était la mort annoncée de la petite ruelle, de l’immeuble aux petites pièces intimistes et sombres. On allait vivre sur des plateaux, avec de grandes vues par des baies vitrées et sobres, qui pouvaient mener très loin sur les chemins de l’espérance le regard, la pensée, et la générosité face à la vie. Telle fut la Genèse du Quartier de la Défense : une aventure humaniste, qui perturba les esprits habitués la routine. Beaucoup ne voulaient pas que l’on change la moindre perspective de Paris, alors que tout était à remodeler pour faire face aux changements qui s’annonçaient avec le monde moderne. Il s’agissait là d’une nécessité vitale et culturelle, d’une nouvelle vision géostratégique, où l’humain était pris en compte, mais dans un objectif de paix et d’harmonie mondiale.
C’est en se souvenant des traumatismes vécus, des espérances en une paix moderne que Paris et sa proche banlieue allaient devenir une agglomération capable de refléter sa pleine compréhension des techniques et savoirs du futur.