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Vannes au fil des siècles

Après l’effondrement de l’Empire romain, la ville de Darioritum fut appelée Vannes. Quatre siècles après avoir été difficilement vaincu par César, le peuple Vénète resurgissait nominalement. Elle sera une des principales villes des ducs de Bretagne, le siège de leur Chambre des Comptes, leur premier Parlement, leur cour souveraine ente 1535 et 1553. Elle sera dotée d’un collège en 1577, il sera par la suite dirigé par les Jésuites.

Une ville de commerce et de pouvoir

En 1675, Rennes fut sanctionnée par Louis XIV. La ville avait participé à la grande contestation fiscale connue sous le nom de Révolte du papier timbré. Ses fonctionnaires furent mutés d’office à Vannes. En tout 7000 personnes déménagèrent et cherchèrent à se loger dans la ville qui comptait jusqu’alors 10 000 âmes. Ils allaient rester quinze ans
sur place, en attendant que Louis XIV lève la sanction. Entre-temps, Vannes s’était magnifiquement développée. Elle en avait profité pour mettre en place un système d’adduction d’eau potable. De jolies promenades avaient été aménagées. De beaux hôtels particuliers avaient été bâtis. Vannes était une des rares villes françaises qui avait quitté son organisation urbaine médiévale, tout en conservant de nombreuses vieilles maisons.

Clos des Vénètes © Ville de Vannes

Château Gaillard est un hôtel particulier médiéval qui abrite depuis 1912 le Musée d’Histoire et d’Archéologie. La Cohue, ancienne halle et ancien lieu du Parlement accueille désormais les expositions du Musée des Beaux-Arts. Rue Salomon rue Saint Guénael, dans le quartier Saint Paterne, on peut encore voir de nos jours, des maisons à pans de bois construites au 16 e siècle. Un peu plus loin, de jolies demeures étaient construites en granit, en pierres blanches. Dans le quartier du port, les armateurs et négociants ont bâti d’élégantes demeures. On a dit de Vannes qu’elle était une ville de bois et de pierres.
Cela traduit bien la diversité de ses styles. Les trois-quarts de l’enceinte fortifiées sont conservés. On retrouve même des portions de la muraille gallo-romaine. Avec ses portes renforcées protégées par des tours et des ponts-levis à balancier.
Mais Vannes, confluent commercial et maritime a toujours été ouverte sur le reste du monde. Ici, tout devient art, de se promener, de vivre, de regarder. Vannes appartient au réseau national des Villes et Pays d’Art et d’Histoire.

Trois expositions nous mènent au voyage vers les débuts de notre ère, puis jusqu’au vingtième siècle et à une des formes de l’éternité.

Le secret gallo-romain

Maisons Années 30 Rue de Metz © Ville de Vannes

Regardons ces bâtisses du 19ème siècle et la reconstitution de la domus de Mané Vechen. La ressemblance n’est-elle pas là ? Dans un sortilège de l’histoire qui fait se répéter les mêmes phénomènes parce qu’ils sont soumis aux mêmes paramètres du milieu, du site de vie, du bruit des vagues et de l’ordre établi par la société.

Vue aérienne de Vannes. Exposition Mané Vechen © Ville de Vannes


Mané Vechen, c’est l’histoire d’une riche villa qui servit à l’intense commerce de Vannes au heures gallo-romaines. Les fouilles archéologiques ont permis de trouver un trésor caché, constitué de numéraires de l’époque.
Le maître de maison qui vivait là, qui avait payé le bâtiment, construisit le modèle de son bonheur à l’image de ce que l’on faisait dans tout l’Empire pour exprimer le beau et le confort. C’était une roman way of life. Et si l’on compare les photos présentes sur la double page suivante, on voit beaucoup de similitudes entre les bâtiments antiques et ceux de notre époque qui semble perpétuer, avec quelques techniques nouvelles, les mêmes principes de confort et d’esthétique. Les Gallo-romains sont nos ancêtres. N’avons-nous pas les mêmes manières de voir le beau et l’agréable ?

Le secret de la vie

Les artistes cherchent à situer un espace pour lui trouver ses vertus. Sagesse, force, beauté reviennent, au sens grec et latin de ces mots, pour recréer une généalogie de la morale et de l’instant présent, figé sur une toile. Hans Seiler est un
Suisse qui a vécu en France au long du 20 e siècle. Peintre réaliste, il a peint le détail qui raconte tout, l’image éclairée par une douce lumière qui permet d’établir la correspondance avec le sujet dessiné.
Il raconte ainsi le monde vivant, généreux, d’un corps ou d’un paysage. Il délimite l’espace. Les contraintes du monde apparaissent en réserve…l’angoisse personnelle, suffisamment distinguée pour éviter l’attendrissement ou la révolte, le
sentiment excessif, qui n’a pas lieu d’être. Hans Seiler nous explique un ordre du monde naturel, respecté par les animaux, les humains et les étoiles.

Le secret des structures

C’est une installation in situ, dans le passage central de la Cohue. De papier blanc en forme de plis. Pierres, poutres et arches reconstituent un monde. Le nôtre ou une partie du nôtre. Il est lié à un autre monde car la vie est plus que la vie. La forme est un langage, ce langage semble le début de toute chose, au commencement était le verbe. Il a été créé par le collectif du CRIMP. Il est facile de dire que c’est l’infini qui passe. Mais c’est vrai. L’infini caché, infinitésimal, dense et
abstrait du pli voulu, dans une recherche qui tourne autour de certains noms : métamorphoses, morphologies venues de la convergence des systèmes vivants. Au delà d’une première classification, il y a l’analyse des suites et des vivants, des entités qui se créent à partir d’un système, et ce système ressemble à un essaim, une agrégation, et toujours la somme des parties, des actes de chacun, est dépassée par un autre ensemble qui se crée, qui nous regarde comme on essaie de le deviner. Le pli est un mode de notre existence. Il permet à notre corps d’accomplir sa destinée, tandis que nous plions et déplions des savoirs et des objets, comme nous plions une feuille de papier, ou un souvenir.
Le monde secret de la construction trouve ici son expression particulière, il rejoint l’architecture de toute chose en notre humanité toujours à la recherche d’une explication, en histoire, en art ou en technique.


Expositions :

Au Musée d’Histoire et d’Archéologie Châtau Gaillard à Vannes : Mané Vechen Un art de vivre à la romaine

Au Musée des Beaux-Arts. La Cohue. Vannes : Hans Seiler 1907-1986. L’espace recomposé

Essaim par le collectif le CRIMP