Guerres, sciences et réflexions

Voici un siècle, c’était la Première Guerre Mondiale. Voici deux siècles, la bataille de Waterloo clôturait une suite de conflits commencés 25 ans plus tôt. En 1715, Louis XIV mourait après avoir ruiné son pays par les guerres. En 1615, Louis XIII et Anne d’Autriche s’épousaient pour tenter de mettre fin aux guerres inutiles et fratricides entre la France et l’Espagne. Nous savons tous que l’Histoire est l’histoire d’une suite de guerres, et non pas de paix. Il est assez rare d’écrire ou de lire une histoire du bonheur, de la gentillesse, de la fraternité humaine. En toute logique de cette même Histoire, on peut donc prévoir que le XXIe siècle sera un nouveau siècle de guerres. Nul ne sait quand et où elles auront lieu, et avec quels intervenants. Nous venons de connaître en France 70 années de vie politique sans conflit sur notre sol continental. Mais nous avons gardé une des meilleures armées du monde, parmi les plus redoutables en terme de puissance de feu. Comme si nous étions prédestinés à participer  aux prochains évènements. Regardons une carte du bassin méditerranéen. Depuis 20 ans, des affrontements graves éclatent tout  au long de ses contours. En termes de probabilités, il peut sembler réaliste de prévoir que l’Espagne comme la France et l’Italie connaîtront à leur tour ce type d’embrasement qui peut toujours être évité et qui une fois sur deux ne l’est pas. Les enjeux du pétrole, de l’eau, des minerais, les disproportions des richesses constituent une poudrière. La question n’est peut-être pas de savoir si la guerre aura lieu ou non, car on ne peut jamais rien prévoir avec précision. Mais de savoir comment rendre ces futurs conflits plus humains que les précédents. Il ne suffira pas de formules incantatoires. De lois internationales qui ne seront pas appliquées si la violence s’accélère… La loi n’est jamais l’expression supérieure de la politique, elle en est la résultante issue du rapport de forces à une période donnée. Une loi n’empêchera jamais une nouvelle guerre ou un nouveau génocide. Si la crise économique se développe, le prix de la vie humaine baissera, et les risques de guerre augmenteront. Situation extrême où la mort remplace le billet de banque roi, la guerre ne répond jamais à un raisonnement de logique. Mais à un état d’esprit où le point de non-retour est accepté comme une évidence. Il faudrait alors repenser à Gaston Phébus, seigneur dont la population fut heureuse en pleine Guerre de Cent ans. Il réussit l’équation parfaite entre la préparation militaire de ses troupes, la prospérité économique de ses villes et villages et la culture flamboyante de l’esprit aristocratique. Son modèle était simple : Il appliquait avec brio et conscience les règles de la chevalerie. C’est-à-dire la puissance au combat, le dialogue avec l’adversaire, la justice avec le peuple, la sagesse du savoir par les sciences de la nature. Cela lui fera écrire et publier des chefs-d’œuvres. Nous sommes peut-être là au cœur de la question : l’esprit aristocratique a permis, en périodes de grandes violences, de conserver une civilisation. Il faudrait à nouveau se pencher sur ces vertus chevaleresques qui incluent un message social. Pour essayer de voir ce que l’on pourrait en tirer comme élément culturel du XXIe siècle. Au-delà des partis et des religions.

Matthieu Delaygue