Parc Léonard Da Vinci, demeure de léonard Da vinci à Amboise, près de Tours. À 64 ans, Léonard de Vinci accepte l’invitation du roi français François Ier à le rejoindre à Amboise, dans le Val de Loire. Il emporte avec lui La Joconde, le Saint Jean Baptiste et La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne. Pendant trois ans, il travaille en tant que « Premier peintre, architecte et ingénieur du roi ». Aujourd’hui, le visiteur entre dans la demeure de l’artiste et découvre sa chambre, son cabinet de travail et ses ateliers restitués. Le parc de sept hectares, richement arboré, a été conçu comme un musée en plein air avec une quarantaine de toiles translucides et une vingtaine
de maquettes géantes interactives construites d’après les croquis de l’artiste, comme une hélice préfigurant l’hélicoptère, un pont tournant ou une machine volante. Une partie du parc a été aménagée comme un tableau vivant. On y retrouve des espèces végétales et des formations géologiques présentes dans les peintures de Léonard de Vinci.

Les Galeries Léonard de Vinci peintre et architecte au Château du Clos Lucé © Eric Sander

Depuis juin 2021, la découverte de l’œuvre du maitre toscan se poursuit dans les Galeries Léonard de Vinci peintre et architecte. Grâce à un spectacle audiovisuel immersif en mapping vidéo, le spectateur est plongé dans les chefs-d’œuvre de Léonard, où peintures et dessins préparatoires se superposent et laissent entrevoir son génie pictural. À l’étage supérieur, il survole dans un jeu vidéo le palais royal de Romorantin reconstitué en 3D à bord de machines volantes léonardiennes, et découvre dans une exposition didactique Léonard architecte, urbaniste et organisateur de fêtes.

Léonard de Vinci, Saint Jérôme, musées du Vatican
© Photo Scala, Florence

Une exposition-événement

Le château du Clos Lucé, en partenariat avec les musées du Vatican, consacre du 10 juin au 20 septembre 2022, une exposition-événement au Saint Jérôme de Léonard de Vinci, chef-d’œuvre inachevé, pour célébrer l’esprit immortel de Léonard dans le lieu même où il vécut. Le tableau sera exposé dans un espace dédié, dans la Halle muséographique, située au cœur du Parc Leonardo da Vinci. Il est l’une des rares œuvres de Léonard dont l’authenticité n’a jamais été contestée.

La réflectographie infrarouge a permis de révéler la présence d’empreintes digitales de Léonard, en particulier dans la partie supérieure gauche de la composition. L’artiste a utilisé ses doigts et sa paume pour étaler les pigments et créer un effet de flou dans le ciel et le paysage. Ce tableau oscillant entre dessin et peinture suscite de multiples interrogations quant aux raisons pour lesquelles il ne fut jamais terminé, à sa datation, à ses commanditaires, à sa provenance. Pour certains spécialistes, Léonard n’aurait jamais cessé d’y revenir et s’y serait attaché. L’œuvre l’aurait accompagné tout au long de son existence.

Une iconographie qui rompt avec la tradition
Cette peinture montre l’érudit du IV ème siècle et traducteur de la Bible de l’hébreu en latin durant sa pénitence dans le désert. D’après les sources historiques, saint Jérôme demeura dans le désert environ 5 ans, de 374 à 378. Ici Léonard de Vinci choisit de le représenter en le dépouillant de ses attributs traditionnels. Il le représente glabre, les traits émaciés, vêtu de haillons, sans le livre sacré. Seuls sont ébauchés son chapeau de cardinal, évoqué par la grande tache rouge située à côté de la draperie, et le crucifix que l’on discerne dans le petit croquis de l’angle
supérieur droit. Le corps du saint tout entier, est tordu et inconfortablement agenouillé. Il tient dans sa main droite une pierre avec laquelle il s’apprête à se frapper le torse, une pratique courante dans la pénitence. L’exceptionnelle étude anatomique du saint se
distingue par la recherche d’un mouvement de torsion, que l’on retrouve dans le dessin du lion. En un seul trait, Léonard parvient à rendre la souplesse du félin. La mâchoire du lion s’entrouvre comme pour pousser un formidable rugissement. Le mouvement confère à la composition l’instantanéité que Léonard affectionne. Le jeu des regards constitue une des lignes de force du tableau. Le lion regarde le saint, qui regarde le corps crucifié du Christ. Saint Jérôme semble implorer le pardon. Le Saint Jérôme de Léonard révèle ainsi le lien intime entre les recherches anatomiques et artistiques, l’attention qu’il porte à la connexion des mouvements du corps et de l’âme.
L’exposition, déjà présentée au Vatican puis au Met à New York en 2019, sera enrichie de pièces issues des collections du Clos Lucé, parmi lesquelles une gravure de Saint Jérôme, par Albrecht Dürer ainsi qu’un tableau représentant Saint Jérôme méditant dans son cabinet de l’atelier de Joos Van Cleve. S’y ajouteront un exemplaire de l’édition complète des Épîtres de St Jérôme dans la version établie par Érasme du monastère de Marmoutier en Touraine ainsi que l’une des premières Vulgates imprimées en latin à Lyon en 1511, prêtée par le sanctuaire de Bethléem, géré par la Custodie de Terre Sainte.
Diane Junqua, Directrice de la communication et du mécénat au château du Clos Lucé

Crédit photos : © Eric Sander, © Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican – Musées du Vatican

REPÈRES
CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ – PARC LEONARDO DA VINCI 2 rue du Clos Lucé 37400 Amboise. 02 47 57 00 73
www.vinci-closluce.com
Exposition Du 10 juin au 20 septembre 2022 En supplément du droit d’entrée : 7€ adulte, 5€ enfant, étudiant et tarifs réduits

LA REVUE DE L’HISTOIRE N°98 Printemps 2022