À titre d'exemple, le
Concile de Nicée ou le congrès de Vienne ont toujours des répercussions de
nos jours. Une histoire transversale se dessine,
constituée de stratégies, de hautes idées qui animent
leurs peuples et leurs dirigeants. À cette lumière
souvent diffuse, une nouvelle vision de l'Histoire
apparaît, avec ses ramifi cations modernes, ses sources d'erreurs
et ses coups de génie. Dans l'afflux d'images à la disposition de
tout un chacun dans le monde moderne, les lecteurs
ont besoin d'être guidés, peut-être plus qu'auparavant, car le principe d'une culture moderne est
intimement lié au principe de tri et de sélection de l'information. Notre rôle est de mettre en avant les
messages de ces courants de la société, avec leur flux
d'énergie et leurs signifiants.
AOÛT 1944 : LA GRANDE RÉVOLTE DE PARIS
VOICI 70 ANS, DÉJÀ, PARIS HUMILIÉ,
PARIS OUTRAGÉ, DEVENAIT LE PARIS ENFIN
LIBÉRÉ. LIBÉRÉ DES ALLEMANDS, BIEN SÛR. MAIS
AUSSI DE LUI-MÊME. DE SON HISTOIRE RÉCENTE,
CELLE D'UNE DÉROUTE IMPLACABLE.
LA VILLE DES LUMIÈRES ET DU COUVRE-FEU
Napoléon avait beau
avoir été vaincu à deux reprises et Paris occupé par sa faute, les arts
français continuaient à briller jusque dans les
châteaux de Moscou et de Crimée. En 1918, notre armée
victorieuse était considérée comme la première du monde.
Patatras... En six semaines du beau
printemps 1940, les Allemands arrivaient à percer l'invincible
ligne Maginot et l'infranchissable forêt des Ardennes, et
ils gagnaient la Campagne de France. Que restait-il de Paris ? Une ville de
tickets de rationnement, de couvre-feu, de traques, d'interdictions,
où un général allemand faisait la pluie et le beau temps
en s'appuyant sur un redoutable service économique plumant
notre pays qui mit au moins quinze ans à s'en remettre. La chambre du Front Populaire, dans son
immense majorité, avait voté les pleins pouvoirs à
un vieux maréchal qui avait, selon l'écrivain fasciste
Rebatet, deux heures de lucidité par jour. La Résistance sera au
départ une affaire de nationalistes anti-allemands, en rupture
avec la pensée maurassienne qui avait adhéré au pétainisme. Puis Goering et Hitler allaient attaquer la
Russie de Staline qui ne pensait pas lui-même que ses alliés
allemands seraient assez fous pour le faire. Mais
ceux-ci étaient fous. Dès lors, le Parti communiste clandestin,
lié au Komintern, entra dans la Résistance. Et ce fut l'engrenage
de la terreur, des tortures sans nom, des déportations, des
assassinats, des attentats. Paris, dès 1942, était
devenue une ville qui vivait dans la contrainte de la terreur
grandissante. Cela dépassait largement dans l'horreur le statut
habituel d'une ville occupée par un ennemi.
"La libération de Paris - Le général Von
Choltitz, gare Montparnasse, 4e arrondissement, le
25 août 1944."Photographie originale © Droits réservés -
Reproduction : © Musée Carnavalet / Parisienne de photographie
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